Portrait[1] de Armand-Maximilien-François-Joseph de Saint-Georges, marquis-pair de Vérac (1768-1858)- maréchal de camp- gouverneur du château de Versailles de 1819 à 1830, Robert Lefèvre, 1817, château de Versailles
S’étant rendu à Soleure, auprès de son père, ambassadeur en Suisse du Roi de France, il y trouve le baron de Breteuil, ancien ministre de la maison du roi, qui y résidait avec sa famille depuis les premiers jours de l’émigration. Le baron de Breteuil, « qui avait la confiance et les pouvoirs de Louis XVI, et était seul confident, au dehors, du voyage de Varennes […][5] » choisit le jeune Olivier de Vérac pour être son secrétaire, l’aider dans sa correspondance avec le Roi et l’étranger, l’envoyer même porteur de dépêches à Paris, « au péril de sa vie[5] », l’initiant ainsi à des secrets qu’ignorait son père.
Après que l'on ait appris la nouvelle de l’arrestation du Roi, le jeune homme demeure au même poste, associé aux efforts que continua de faire M. de Breteuil pour sauver le Roi et la Reine[5].
Il est ainsi constamment initié aux confidences que les souverains déchus et captifs, parvenaient quelquefois à adresser à leurs serviteurs.
En 1807, Vérac est l’objet d’une rigueur personnelle, et exilé en Belgique, par l’Empereur, qui le met pendant plusieurs années sous la surveillance des autorités administratives. Il rentre définitivement en France en 1809[6].
Après l’abdication de Fontainebleau, Vérac salue, avec enthousiasme, le retour des Bourbons, qui n’avaient pas perdu le souvenir de son dévouement à Louis XVI.
Entré dans la vie publique, « son esprit éclairé et judicieux ne le fit pas hésiter sur la nécessité de marcher avec franchise[5] » dans la voie du gouvernement représentatif dont la Restauration venait de doter la France. Aussi est-il un des membres les plus décidés et les plus intelligents du parti modéré qui formait la majorité de la pairie, et qui fut connu plus tard sous le nom de centre droit[5]. On aura tout dit sur sa couleur politique, en disant qu’il était ami intime du duc de Richelieu, et partageait ses opinions[5]. Il le sert activement dans sa ligne de conduite, et entre autres, contribue beaucoup à son rapprochement avec M. de Villèle.
Il tient constamment une place importante à la chambre haute (bien qu'éloigné de la tribune par un léger défaut de prononciation[6]), par la part qu’il prend aux questions qui s’y traitent, au travail des commissions, aux transactions des partis, et il porte le même esprit et la même influence dans les conseils généraux et les collèges électoraux (qu’il présidait, depuis 1818, à chaque session[7]), également apprécié par les hommes politiques et par la cour, où il tient une place marquante, comme grand officier de la Légion d'honneur[5] et gouverneur du château de Versailles (1819[7]).
M. de Forbin ayant eu l'idée, en 1822, en raison de l'abondance des tableaux, d'installer un musée à Versailles, M. de Vérac s'oppose à tout aménagement qui rendrait le palais inhabitable pour le Roi ; il objecte en outre que, parmi les tableaux, il y en avait de peu convenables, entre autres une Athalie« qui montre un derrière aussi effrayant que le songe qui l'agite ». L'idée est abandonnée[6].
Il est encore gouverneur de Versailles lorsqu'éclate la révolution de Juillet 1830 : « il la vit avec une amère douleur[5] », mais la chambre des pairs ayant été conservée, il continue à y siéger, professant la maxime« qu’il ne faut pas se séparer volontairement du pays, quand on occupe une position indépendante, où l’on peut encore empêcher le mal et faire le bien[8] ».
Il y prête, en effet, son appui aux mesures qui pouvaient affermir l’ordre et repousser la révolution, sans faire pour cela le sacrifice de ses sentiments et de ses opinions[8]. Il proteste vivement contre la proposition de l'abolition du deuil national du 21 janvier (commémorant la mort de Louis XVI), s'exprime (1836) dans le procès Meunier en faveur de Lavaux[6], et élève encore quelquefois la voix dans l’assemblée « pour réclamer en faveur de ce qui était juste et utile au pays[8] ».
Bien qu'il eût prêté serment à Louis-Philippe Ier, il n'apparaît plus aux Tuileries après la Révolution d'.
Du reste, il ne vécut réellement plus qu’en homme privé, ne siégeant que fort irrégulièrement[6] jusqu'à la révolution de Février 1848 qui le rend à la vie privée. Il meurt le , à 90 ans, en son château du Tremblay sur Mauldre[10].
Écartelé: aux 1 et 4, d'argent, à la croix de gueules ; aux 2 et 3, fascé ondé enté d'argent et de gueules de six pièces (de Rochechouart).[13],[14],[15],[11]
Armand-Maximilien-François-Joseph-Olivier était le cinquième enfant de Charles Olivier de Saint-Georges (1743-1828), 4emarquis de Vérac et de Marie Charlotte Joséphine Sabine de Croÿ d'Havré (1740-1776).
Il avait pour frères et sœurs :
Charles François Marie Joseph de Saint Georges de Vérac (Paris, - ) ;
Anne Louis Joseph César Olivier de Saint Georges de Vérac (Paris, - Paris, ), 5e marquis de Vérac, marié, le à Paris, avec Gabrielle Françoise Eustachie ( † ), fille de Charles François Gaspard Fidèle de Vintimille, sans postérité. César de Vérac fut marié très-jeune avec mademoiselle de Vintimille, fille du comte de Vintimille, chevalier d'honneur de madame la comtesse d'Artois, qui obtint pour son gendre la survivance de cette place. Le comte de Vérac suivit la princesse en émigration, servit il l’armée des princes, et rentra en France quand les circonstances le permirent. Il fut nommé, à la Restauration, gentilhomme d’honneur de Monsieur, comte d'Artois, et plus tard, un des quatre chambellans de Charles X de France[8].
Alphonse Christian Théodoric Joseph Olivier de Saint Georges de Vérac (né le - Paris) ;
Charles-Albert (1835-1909), historien, homme politique, marié, dont postérité ;
Josselin (1836-1916), marié (1864), avec Béatrix Budes de Guébriant (1840-1898)), dont postérité ;
Henri (né en 1838), secrétaire d'ambassade ;
Paul (1839-1901), marié, le à Paris VIIe, avec sa cousine Herminie de Rougé (1845-1920), fille d'Adolphe, comte de Rougé (1808-1871) et de Marie de Saint-Georges de Vérac (1811-1886), dont postérité ;
Camille (1841-1910), chanoine de Chambéry, refusa par deux fois l'épiscopat ;
Elisabeth ( - ) ;
Félicie Marie ( - ) ;
Félicie Marie Louise (1845-1893), mariée, le à Paris VIIe, avec Jules, marquis de Prunelé 1836-1897, dont postérité ;
Marie-Antoinette (1850-1875), mariée, le à Paris VIIe, avec Arthur de Lancrau (1843-1904), comte de Bréon, polytechnicien (X 1862), capitaine d'artillerie, union sans postérité.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
« VÉRAC (ARMAND-MAXIMILIEN-FRANÇOIS-JOSEPH-OLIVIER DE SAINT-GEORGES, marquis de) », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, vol. 43, 2e édition, 1843-1865, 697 p. [détail de l’édition] (lire en ligne), p. 130-131 ;
« DE SAINT-GEORGES, vicomte, puis marquis DE VÉRAC, (Armand-Maximilien-François-Joseph-Olivier) », dans Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France : des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume et des maisons princières de l'Europe, précédée de la généalogie de la maison de France, vol. VIII, , 378 p. [détail de l’édition] (lire en ligne), p. 234-235 ;